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[Rue de Brest] Dimanche 31 juillet - Installations, interrogations, rencontres

lundi 1er août 2005, par Martine B

Le temps est frais et gris ce matin. J’observe à nouveau de ma fenêtre. Au niveau du supermarché qui est toujours ouvert le matin, est garé un long camion gris à tête bleue immatriculé 13. Aucun doute, ce sont « eux ». Une quinzaine de personnes s’activent à le décharger. Des caissons noirs, des échelles, des cantines vertes, etc. Au centre de tout ce matériel, il me semble distinguer une sorte de barbecue rouillé, sur pieds. Pendant toute la matinée, des objets sortent du camion qui semble sans fond : des caisses encore, en différentes matières, des planches plus grandes que des portes.

Des voitures circulent dans la rue, comme tous les jours, mais aujourd’hui, elles croisent un Fenwick jaune et des porteurs de matériel. C’est maintenant une sorte de lit à deux étages qui va sortir du camion, mais non, des roues apparaissent, c’est une calèche ! L’acrobate de la veille, vêtu d’un sweat rouge sombre regarde avec un autre type les immeubles en face : repèrage encore. Que mijotent-ils ? Maintenant, c’est un plateau métallique à deux étages qui sort sur roulettes. Il doit mesurer 1,50 m de hauteur, 1,50 de longueur et 1 m de large. Comme le barbecue et la calèche, cet objet non identifié semble être rescapé d’un incendie.

Vers 11 h, le camion semble vide. Des cantines sont transportées sur un diable loin de la scène, vers l’autre bout de la rue, hors de ma vue.

Curieuse, je descends dans la rue. Des éclairages sont en cours d’installation sur la scène. Je vois la calèche de près : bel objet. Le barbecue est en fait un fût rouillé et troué. Une jeune femme peint en noir, au pinceau, une ossature en tubes d’acier.

Je rencontre une personne du Fourneau, et une autre de la compagnie marseillaise (cette femme était venue voir les habitants de la rue en avril, mais j’étais absente).

A midi, arrive une averse. Le camion est vide. Du matériel est bâché. Les travailleurs du spectacle sont moins nombreux, mais ce n’est pas le calme plat car j’entends une tronçonneuse ou une scie circulaire. Que fabriquent-ils parmi des caisses et des objets et engins hétéroclites ?
Les tubes continuent de se laisser peindre en noir, inlassablement, par des mains qui se relayent. Combien de couches ?

A quoi m’attendre ? A un cirque sans chapiteau ? A un théâtre sans murs, théâtre de Foire ? L’installation apporte des indices, mais le mystère persiste.

14 heures. C’est calme. Je prends quelques photos du matériel en attente. L’armature en tube et la calèche se laissent peindre ... Sur la façade supérieure de la scène ont été fixées des planches, formant un panneau (ce qui explique le bruit de scie). D’autres planches se reposent sur un petit camion mauve.

Dans la rue maintenant interdite aux voitures, vont et viennent d’autres véhicules, ceux de la compagnie : vélos, vélomoteur orange avec remorque, triporteur jaune, trottinette. Ces utilitaires se donnent en spectacle.

17 heures. - J’entends un bruit de moteur. Qu’est-ce qu’ils trafiquent ?

18 heures 18 – Des habitants, des acteurs de Generik Vapeur et des membres de l’équipe du Fourneau se sont rassemblés autour d’un buffet dressé au milieu de la rue. Présentations (je constate que la plupart des habitants de ma rue me sont inconnus, ce qui me consterne un peu). Conversations. En toute simplicité.

Des actrices marseillaises apprennent à faire des crêpes sur des bilig tandis que quelques habitants défilent, portant de grands panneaux sur lesquels sont collées des radiographies de squelettes. C’est une répétition. Demain, ils essayeront leurs costumes. Qui est spectateur ? Qui est acteur ? C’est un partage.

Une échelle est posée contre un mur d’immeuble. Perchés dans la nacelle, deux hommes bâchent une de leur installation, sans doute une enceinte. Les vélos et autres moyens de transport circulent toujours.

De toute évidence, la compagnie occupe les trois dimensions de la rue. Une scène a été installée près du supermarché, certes, mais elle est incluse dans une autre, plus vaste, aux murs d’immeubles et au plancher de bitume. En observant les objets de la compagnie placés dans la rue, je me surprends à la regarder comme je ne l’ai jamais fait, avec beaucoup plus d’attention que d’habitude.
J’apprends que le théâtre « en dur » de la ville, bien campé rue de Brest, sert de loge à certains membres de la compagnie nomade, ce qui m’amuse car cette fois-ci, c’est dehors qu’une sorte de spectacle se produit déjà.