Cette troupe disposant de pauvres moyens en rappelle d’autres, itinérantes et d’un autre temps, dont les décors supportaient mal les intempéries. Celle-ci se débrouille comme elle peut pour montrer un pot pourri mélangeant les genres (morceaux d’une comédie et d’une tragédie, intermède de chants africains, démonstration de majorettes, etc) destiné à contenter tout public au moindre coût.
Compte tenu du tour de force que la troupe doit réaliser, elle rencontre évidemment des problèmes. Dans la précipitation, mais de façon astucieuse, elle les règle au coup par coup. Qu’un technicien soit acteur (et inversement), c’est normal chez Royal de Luxe, mais dans la troupe du Tréteau, il suffit d’une couronne pour jouer un roi de tragédie. Les deux faces d’un valet, tel une carte à jouer, servent simultanément comédie et tragédie sur un plateau tournant. Un décor manque, il suffit de supprimer la scène. Comme cela semble simple ! Les seins de personnages féminins sont mis à nu. De même l’alcoolisme d’une comédienne ainsi que les difficultés de mises en scènes et de trucages sont dévoilés au spectateur. Tout l’espace est rempli par le spectacle des spectacles et de leurs fabrications. Les muscles oculaires des spectacteurs sont très sollicités.
Le rythme est rapide. Les gags, parfois d’un délectable mauvais goût, sont de plus en plus hilarants et les dérapages de plus en plus délirants. Le plateau tournant devient un manège difficilement contrôlable. Mais la vaillante troupe a atteint son but de bien nous amuser. Ouf !